samedi 21 avril 2012

Le 21 avril, jour de révolte brésilienne


Drapeau de Minas Gerais influencé par les idéaux des Lumières. Photo: Internet

L’histoire du Brésil est jalonnée par de nombreux mouvements dont la revendication était la séparation de la couronne portugaise. L’un des plus importants est sans aucun doute la Conjuration Mineira. Pour la comprendre, il suffit de remonter le temps. Au XVIIe siècle, le Brésil était une colonie portugaise, et le roi, en plus d’exercer un pouvoir absolu, maintenait un niveau d’impôts três élevé.

Dans la région du Minas Gerais, l’activité principale était l’extraction d’or, d’argent et de minéraux précieux, en particulier le diamant. Logiquement, la couronne intensifia l’imposition et interdit les activités de transformations artisanales au Brésil, sans oublier la forte taxation des produits importés de la métropole, dans un contexte d’épuisement des mines de la région.

Mais le Portugal, insatisfait par la baisse du rendement de ces dernières, institua d’autres impôts comme celui de la “derrama” qui permettait l’appropriation par la monarchie de 20% de la quantité d’or extraite du sol mineiro. Et quand elle n’était pas acquittée, les hommes de la couronne procédaient à des confiscations de biens  et d’objets en or des habitants.

En 1787-1788, la corruption de plus en plus flagrante dans la classe politique et les rumeurs d’augmentation des impôts provoquent le mécontentement des classes les plus riches. Rapidement, le pouvoir réprime tout mouvement de contestation.   

Réunion du Mouvement de Contestation. Photo: Internet

Parmi eux, la Conjuration Mineira. Elle a pour objectif de libérer le Minas Gerais de la domination portugaise pour créer un pays indépendant. Le mouvement ne se cantonne alors qu’à la région des mines car, à l’époque, les habitants du Brésil ne sentent unis par aucun sentiment patriotique. Les révoltés défendent  un modèle républicain, insprirés par les idées des Lumières et l’Indépendance nord-américaine. Même mus par ces idéaux, les conjurés ne demandent pas l’abolition de l’esclavage, notamment parce que la majorité des insurgés eux-même utilisent ce type de main-d’oeuvre.


En 1789, intellectuels, cléricaux et propriétaires fonciers décident de commencer la révolution  le jour de l’annonce de la “derrama” par les portugais. Mais, le mouvement est rapidement démantelé par la trahison de Joaquim Silvério dos Reis qui dénonce ses compagnons en échange de l’effacement de ses dettes.

Joaquim José da Silva Xavier, le Tiradentes. Photo: Internet

Parmi les insurgés trahis, on trouve Joaquim José da Silva Xavier, le Tiradentes (littéralement “le dentiste”) considéré comme un symbole de l’indépendance brésilienne, à tel point que le jour de sa mort, le 21 avril 1792, est devenu férié.  Entre autre parce qu’il a été le bouc-émissaire d’une révolte dont le caractère populaire est limité. Elle reste la manfestation d’un mécontentement de propriétaires excédés par les impôts royaux.

Si la situation actuelle ne peut se comparer à celle des années de l’indépendance, on trouve encore aujourd’hui des mouvements séparatistes au Brésil. Essentiellement concentrée dans le sud du pays, la mouvance utilise un discours critiquant la fiscalité pesant sur  les revenus générés par la région. Selon elle, ces derniers ne serviraient qu’à financer les aides sociales accordées aux plus pauvres.

Celles-ci se destinant en majorité aux populations du nord et du nordeste brésilien, il en découle une haine caractérisée du sud envers ces régions. Lors des dernières élections présidentielles, en 2010, une partie de l’électorat de la droite défaite par Dilma Rousseff avait lancé une violente campagne d’insultes destinées aux Nordestinos sur internet. Parmi les commentaires, on ressentait l’exaspération d’un sud riche face à la pauvreté des autres régions considérées comme des parasites retardant le développement du Brésil.

Allana Andrade

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