S'asseoir sur les bancs de l'université publique brésilienne demande de véritables efforts pour les étudiants (photo internet)
La rentrée des classes approche et déjà dans les rues fleurissent les célèbres banderoles félicitant les élèves qui rempliront les bancs des universités du pays. Un geste qui salue le parcours parfois difficile des étudiants brésiliens, de l'enseignement secondaire au supérieur. Car intégrer l'université publique au Brésil n'est ni automatique, ni de tout repos. Explications.
Au Brésil, il existe deux types d'universités. La publique, financée par le gouvernement fédéral ou de l'état, dont les étudiants n'ont rien à payer, et les privées, où les élèves payent chaque semestre les cours qu'ils vont suivre. L'université publique, parce qu'elle est gratuite, attire plusieurs milliers d'étudiants tous les ans. Et au-delà de la gratuité de l'enseignement, sa qualité et le niveau des professeurs sont considérés comme supérieurs. Et, en plus des cours conventionnels, les étudiants peuvent participer à des projets de recherche (Initiation scientifique), “d'extension” (application dans la pratique des connaissances acquises em salle de classe) et ont la possibilité de faire des échanges entre universités, autant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger.
Mais, contrairement à ce qui se fait en France, pour entrer dans une université publique brésilienne l'aspirant-étudiant doit passer une série d'épreuves appelées 'Vestibular'. Au Brésil, les jeunes n'ont pas tous accès aux études et le nombre de places à l'université n'est pas suffisant pour accueillir tous ceux qui concluent leur enseignement secondaire chaque année. Ces épreuves constituent alors un critère supplémentaire de sélection que seuls les meilleurs élèves, ou ceux qui ont les moyens de préparer ce 'concours', sont capables de passer pour intégrer le niveau supérieur.
Les étudiants sont ainsi confrontés à la fois à la pression de leurs parents, des écoles et à celle du système lui-même qui n'offre pas assez de places. Beaucoup d'entre eux passent plusieurs années à étudier à domicile ou dans des cours préparatoires, sans atteindre pour autant les bancs de la fac. Dans les 'prépas', la routine quotidienne est harassante puisque les élèves peuvent cumuler jusqu'à 10 heures de cours par jour entre formules, dates, lectures obligatoires, films, questions d'actualité et rédactions.
Les critiques de ce système d'évaluation sont nombreuses, notamment vis à vis du rythme des épreuves, pouvant s'étaler sur plusieurs jours. Long et fatiguant, ce test qui devrait vérifier les seules connaissances devient une véritable épreuve de résistance aussi bien physique qu'émotionnelle. Les disciplines choisies par les concurrents déterminent également leurs chances. La médecine, par exemple, se caractérise par un nombre important d'inscriptions parmi lesquelles les élèves issus des couches aisées de la population ou d'établissements prestigieux, donc privés, ont plus de chance de réussir.
Pour pallier aux disparités, une mesure adoptée par le gouvernement brésilien consiste à offrir des bourses 'intégrales' ou 'partielles' pour les étudiants d'écoles publiques qui ont eu une bonne note au ENEM (Examen National de l'Enseignement Secondaire), évaluant le niveau des élèves quittant le secondaire et qui aspirent à entrer à l'université. Grâce à cette aide, plusieurs milliers d'étudiants, auparavant exclus de l'université de par leurs conditions, ont réussi à intégrer des universités privées ou des cours de préparation à moindre coût. Une autre action a été la création du système de quotas dans les universités publiques.
Les quotas comme solution?
Le Brésil porte sur son visage la cicatrice historique de l'esclavage, de la soumission et du racisme contre les noirs, amenés de force sur les terres brésiliennes pour travailler dans les plantations de canne à sucre, par exemple. Leur condition ne s'est pas pour autant améliorée avec l'abolition. Les cas de discrimination, sur le simple motif de la couleur de peau, se rencontrent encore au quotidien. Dans ce contexte, les Afro-brésiliens ont continué à être marginalisés et, il y a encore peu de temps, ne parvenaient pas à assumer des responsabilités publiques, intégrer les universités et avoir accès à une éducation de qualité.
Le système de quotas est apparu comme un moyen pour le Brésil de payer sa dette aux noirs. Pour cela, le gouvernement réserve 50% des places disponibles à l'université publique aux concurrents issus des écoles publiques et la moitié d'entre elles est destinée exclusivement aux élèves noirs et métisses. La solution, qui n'est peut-être pas encore la meilleure, a déjà permis à des étudiants issus de classes sociales défavorisées de participer aux épreuves de médecine, droit ou encore ingénieurie. Ce qui était inconcevable il y a quelques années.
Allana Andrade
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