Les médecins étrangers arrivés au
Brésil cette semaine ont reçu un accueil hostile de la part des
professionnels de la santé locaux. Venus pour renforcer l’offre de
soin dans les régions sous-dotées en personnel, ils composent l’un
des contingents de médecins étrangers prévus par le programme
national de santé adopté en juillet dernier par le gouvernement.
Les médecins étrangers ont commencé leur formation dans le cadre du programme Mais Médicos (photo: Elza Fuzia) |
« Esclaves ». C’est le
qualificatif employé par des médecins brésiliens à l’encontre
de leurs homologues étrangers lors du premier jour de formation
du programme Mais Medicos à Fortaleza. Les 96
médecins étrangers présents dans la capitale du
Céara sont candidats au plan gouvernemental visant à pallier aux
déserts médicaux dans certaines régions du pays, principalement le nord et le nord-est du pays, ainsi que dans certaines zones sans grandes agglomérations.
Pour cela, le gouvernement a ouvert aux
médecins d’origine étrangère la possibilité d’exercer sur le
territoire national après un processus de sélection et de mise à
niveau débouchant sur la validation de leurs diplômes de médecine
selon les critères en vigueur dans le système universitaire
brésilien. Selon le ministre de la Santé Alexandre Padilha, les
candidats au programme Mais Médicos devront passer par « une
intense évaluation » et une formation de trois semaines portant sur le système de santé brésilien et la maitrise de la langue portugaise. Ceux qui seront affectés dans des zones
où vivent des populations indigènes auront « des modules
spécifiques sur la culture de la région où ils travailleront. »
Pour le moment, l’Espagne, l’Uruguay,
l’Argentine et Cuba sont les pays d’origines de la plupart des 644 candidats déjà arrivés sur place. Un
autre contingent de 4000 médecins cubains devrait également venir
gonfler les rangs des hôpitaux brésiliens dans le cadre d’un
accord entre les gouvernements du Dilma Rousseff et de Raul Castro. Ces médecins devraient percevoir un salaire compris entre 2500 et 4000 reais par mois.
Les médecins hués à leur sortie de la formation à Fortaleza (photo: internet) |
Au centre des revendications exprimés par les opposants comme les membres du Syndicat des médecins du Céara qui ont manifesté à Fortaleza,
l’application de l’examen Revalida, généralement imposé aux
étrangers, pour la validation des diplômes des candidats, qui n’y
seraient pour le moment pas soumis. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les Brésiliens exprimant leur indignation face à la démonstration des médecins cearenses. L'argument souvent utilisé est que l'arrivée de médecins étrangers au Brésil serait la conséquence du refus de leurs homologues brésiliens à pratiquer dans certaines régions, leur préférant les capitales dans lesquelles les conditions de travail et les salaires sont meilleurs.
A ceux qui l’ont appelé « esclave »,
Juan Delgado, médecin cubain, a déclaré dans la Folha de São
Paulo : « Nous irons où les médecins brésiliens ne vont
pas. Nous serons esclaves de la santé, des malades et de ceux avec
qui nous serons tout le temps nécessaire. » Si le manque de
médecins dans certaines régions du Brésil doit se réduire dans
les mois à venir, le débat, lui, n’est pas prêt de s’arrêter.
Gauthier Berthélemy
+ d’infos : Les visions de deux
médecins, l’un brésilien, l’autre étranger, sur le programme
Mais Médicos :
http://www.lepetitjournal.com/rio-de-janeiro/societe/162279-mais-medicos-certaines-zones-du-bresil-manquent-reellement-de-medecins