vendredi 5 octobre 2012

Week-end électoral au Brésil

Ce week end, les brésiliens choisiront leurs maires et conseillers municipaux (photo: internet)



Le 7 octobre, les électeurs brésiliens devront se rendre aux urnes pour élire leurs maires et conseillers municipaux. La toute jeune démocratie, née de la chute de la dictature militaire à la fin des années 80, s'apprête à vivre une nouvelle élection municipale entre nouveautés et vieux démons.

Depuis plus d'un mois, façades, voitures voire même bicyclettes se sont transformées en supports de propagande politique. Les enceintes, installées sur les toits des véhicules, hurlent slogans et musiques partisanes, reprenant parfois les tubes du moment. Et toujours le même refrain. Celui des codes correspondant aux candidats aux différents postes à pourvoir lors du prochain scrutin que les électeurs sont invités à taper sur les claviers des urnes électroniques maintenant équipées de la technologie biométrique.

Cette année, ils se disputent les sièges de maires et de « vereadores », sorte de députés municipaux. Les places sont réduites mais les prétendants foisonnent. Rien qu'à São Cristovão, dans l'intérieur de Sergipe, près de 280 candidats se sont présentés pour occuper les quelques 15 sièges de vereadores disponibles. A Aracaju, la capitale, ils sont 428 pour 24 places. Certains donnent même le sourire. Les lecteurs de la presse française ont d'ailleurs pu faire la connaissance des fantasques candidats d'Aracaju. En effet, dans la capitule nordestina, une lutte ardue et fratricide entre Batman et Robin fait rage pendant que Ben Laden remonte à la surface pour nous parler de la corruption.

« Ils vous prennent pour des clowns, alors élisez-en un comme vereador » répète l'ubuesque candidat Soneca pendant l'horaire électoral. Pour ces candidats, il s'agit surtout de ridiculiser le monde politique qu'ils considèrent superficiel et déconnecté des attentes des électeurs. Mais il existe une autre explication. Au Brésil, quelque soit le candidat, les votes qu'il recevra seront comptabilisés en faveur du parti auquel il est affilié. Le nombre de votes valides est divisé par le nombre de places disponibles à la chambre des vereadores, donnant le quotient électoral. Le nombre de voix récolté par le parti est alors divisé par ce quotient donnant ainsi le nombre de places attribuées à la formation politique.

En d'autres termes, les hurluberlus politiques d'Aracaju et autres, surfant sur la vague du clown le mieux élu du Brésil en 2010, Tiririca, ne sont en réalité que des « attrape-votes ». Leur popularité et leur apparence contestataire attirent les votes des électeurs et gonflent ainsi les quotients électoraux des partis en lice. Nul besoin de présenter des idées, un bouffon suffit. Et parfois à grand frais puisque grâce à ce système certains candidats liés à la corruption et autres crimes politiques parviennent à retrouver leurs fonctions sans que la population s'en aperçoive.

Un phénomène qui pourrait mettre à mal l'une des nouveautés du scrutin. Les électeurs peuvent désormais consulter sur internet la « fiche d'identité » politique des différents candidats. CV, état civil, patrimoine, antécédents judiciaires, presque toute la vie du concurrent y est présentée. C'est le principe de la « Ficha limpa » (fiche propre) que la Justice électorale brésilienne tente d'insuffler chez les électeurs. A coup d'affiche et de spots TV, l'administration cherche à faire disparaître le péril qui rôde autour de la toute récente démocratie : la corruption. Dans un pays où le vote est obligatoire et l'arrangement à l'amiable une coutume, il n'est pas rare de voir un candidat promettre aux personnes peu concernées ou peu informées des emplois ou autres avantages en nature ou monnaie sonnante et trébuchante en contrepartie de leurs votes. Et c'est à cette mauvaise habitude que le gouvernement a déclaré la guerre en donnant aux électeurs les moyens de savoir pour qui ils peuvent être amenés à voter.

Les mairies sont disputées

Les grandes villes du pays sont les théâtres de batailles acharnées entre les différents camps politiques. Dans un contexte judiciaire riche en événements dus aux procès pour corruption (Cachoeira et Mensalão) et quelques mois après les démissions ministérielles et les manifestations réclamant « un coup de balai dans l'administration » les débats se concentrent sur la notion du vote propre.

Le parfait contre-exemple vient d'où on l'attendait le moins, de l'ancien président Lula. Soucieux d'assurer le maximum de voix pour la mairie de São Paulo à son ancien ministre de l'éducation, Haddad, l'homme le plus aimé et respecté du Brésil a fait un pacte avec le diable politique : Paulo Maluf. L'ancien responsable politique est trempé dans tellement d'affaires de fraudes électorales, de corruption et de détournements de fonds qu'il possède sa propre fiche au sein du système d'Interpol. Un gros poisson. L'entente électorale a fait un flop et le candidat de Lula est bien trop loin dans les sondages pour inquiéter le rival de toujours de l'ancien métallurgiste, José Serra, lui-même en difficulté dans les enquêtes d'opinion.

A Aracaju, le maire actuel ne pouvant se représenter après ses deux mandats successifs, la bataille s'intensifie essentiellement autour du transport public et de la sécurité. D'un côté, Valadares Filho, candidat soutenu par l'administration sortante peine dans les sondages malgré une amélioration suite aux interventions télévisées de Dilma Rousseff et de Lula en sa faveur. Le député fédéral du Parti Socialiste Brésilien souffre du déficit de popularité du maire sortant mais surtout de la superpopularité de son adversaire.

Face à lui, João Alves Filho, le Negão (le grand noir), comme il est surnommé par la population. Ancien maire de la capitale dans les années 70, indiqué par la dictature militaire qu'il a soutenu par sa participation à l'ARENA (l'ancien parti officiel de la junte), il est paradoxalement le candidat du parti démocrate. Constructeur immobilier, il a su marquer la ville de son empreinte en donnant à a propre entreprise la tâche d'édifier les grandes construction de la capitale sergipana. En tête dans les sondages, la question qui se pose à Aracaju est de savoir s'il y aura ou non un second tour.  

Gauthier BERTHELEMY

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

About Me

Ma photo
Ce blog propose des informations françaises en langue portugaise et brésiliennes en langue française/Este blog oferece informações francesas em lingua portuguesa e brasileiras em lingua francesa. Il est géré et alimenté par Allana Andrade, journaliste et Gauthier Berthélémy, journaliste entre France et Brésil/ O blog é mantido por Allana Andrade, jornalista e Gauthier Berthélémy, jornalista entre Brasil e França.

Slider(Do not Edit Here!)

Traduzido Por : Template Para Blogspot
Copyright © 2013. Por aqui e là-bas