A São Paulo, le second tour sera serré entre José Serra du PSDB ( à droite) et Fernando Haddad du PT ( à gauche) (Photo: internet) |
Les
résultats sont tombés. Les brésiliens connaissent désormais les candidats qui
disputeront le second tour des élections municipales ou, pour ceux qui ont
obtenus la majorité absolue, leurs nouveaux maires et conseillers municipaux.
Petit tour des principales villes du pays.
La
première surprise vient des résultats de la plus grande ville d'Amérique
Latine. A São Paulo, tous les observateurs et spécialistes politiques
s'accordaient sur un second tour opposant Russomano du Parti Républicain
Brésilien à l'infatigable candidat du PSDB, José Serra. Concurrent malheureux
de Dilma Rousseff et de Lula dans la course à la présidence de la République,
le tucano s'est une fois de plus heurté à l'incroyable charisme de
l'ancien métallurgiste. Depuis son entrée dans la campagne, le candidat du
Parti des Travailleurs et ancien ministre Fernando Haddad (28,9%) a rattrapé
son retard sur ses concurrents. A tel point qu'il talonne José Serra (30,5%),
pourtant grand favori, et exclut Russomano ( 21,2 %) de la course à la mairie
pauliste.
Rio
de Janeiro est également l'une des villes vers lesquelles les yeux des
Brésiliens se sont tournés ce week-end. Accueillant la Coupe de Monde de
football en 2014 et les Jeux Olympiques de 2016, la Ville Merveilleuse est
d'une importance capitale : elle sera la vitrine du pays pour les années à
venir. Là, pas de surprise, c'est Eduardo Paes du PMDB qui est réélu au premier
tour avec 64,6% des votes. Une fois de plus, la présence de Lula et de Dilma Rousseff
auprès du candidat a renforcé sa popularité et attiré le vote des électeurs.
Après
l'annonce de sa victoire, Eduardo Paes a invité ses adversaires à le rejoindre
pour préparer la ville aux différents défis qu'elle rencontrera ces prochaines
années. Il a d'ailleurs affirmé sa volonté de se rapprocher des Verts qu'il
estime « très qualifiés » avant de lancer : « j'adorerais
voir le Parti Vert gouverner avec nous ». Soucieux de créer un consensus à
Rio, Eduardo Paes a promis d'appliquer les mesures de ses concurrents qu'il
jugera nécessaires pour le développement de la ville.
D'autres
capitales connaissent également leurs maires. C'est le cas de Belo Horizonte où
Marcio Lacerda (PSB) a été réélu, Porto Alegre où Fortunati du PDT a survolé le
scrutin remportant 65% des votes, Maceio avec Rui Palmeira du PSDB, João Alves
Filho du DEM est élu à Aracaju, Geraldo Julio du PSB à Récife, Paulo Garcia du
PT à Goiania, Teresa du PMDB à Boa Vista et Carlos Amastha, le Colombien
naturalisé, à Palmas. De manière générale, les grandes formations politiques
historiques accusent un certain recul dans les grandes et moyennes villes, le
PT par exemple n'a remporté qu'une seule ville, mais on assiste à la fin de ce
premier tour à un partage équilibré des forces sur l'ensemble du territoire.
Lula encore présent
Le
premier enseignement de ce scrutin est la permanence du poids politique de Lula
et sa capacité à renverser le cours d'une campagne par une simple apparition,
non seulement à São Paulo, mais également dans la plupart des capitales où les
candidats du PT ou des partis affiliés se trouvent en difficulté. A Aracaju,
par exemple, le candidat Valadares Filho du Parti Socialiste Brésilien a gagné
10 points dans les sondages passant de 23 à 33 % d'intentions de votes suite à
l'intervention télévisée de Lula en sa faveur. Le même phénomène s'est déroulé
avec Dilma Rousseff à Rio de Janeiro, par exemple, où Eduardo Paes l'a remercié
publiquement de son implication dans la campagne.
Le
premier tour des élections municipales a également confirmé une tendance
amorcée depuis 2010 avec l'arrivée de la première femme à la Présidence de la
République : celle de la présence accrue des femmes dans la politique
brésilienne. Dimanche soir, 12,5% des maires élus étaient des femmes, soit une
augmentation de 31,5% par rapport aux élections de 2008. Elles sont désormais à
la tête de 663 villes dont une capitale d’État, Boa Vista.
Dans
son discours, Carmen Lucia, présidente du Tribunal Suprême Electoral, a loué
l'organisation du scrutin sur l'ensemble du territoire soulignant l'efficacité
du système de reconnaissance biométrique des électeurs déjà intégralement
adopté dans les États de l'Alagoas et de Sergipe, dans le Nordeste. Malgré le
remplacement en urgence de plusieurs centaines d'urnes défectueuses, la
nouveauté a été bien acceptée par la population qui y voit un moyen de rendre
plus sûr le vote. Par la reconnaissance biométrique il est désormais impossible
pour un électeur de se faire passer pour un autre.
La
magistrate a longuement insisté sur les résultats de la campagne « Ficha
Limpa » dont l'objectif est de donner aux électeurs toutes les
informations sur les candidats en lice et notamment leur situation vis à vis de
la justice électorale. Le but est de limiter l'élection de candidats déjà jugés
pour corruption ou d'autres crimes. Pour Carmen Lucia, « la Ficha Limpa a
rassuré les électeurs, mais les efforts doivent être doublés pour qu'ils soient
mieux informés ».
Gauthier BERTHELEMY
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