Pays revendiquant le
métissage comme fondement de sa culture, le Brésil célèbre
aujourd’hui la Journée de la Conscience Noire. Existant depuis les
années 60, ce jour est dédié à la réflexion sur la place
qu'occupe l'Homme noir dans la société brésilienne. Et durant
toute la semaine des conférences et autres événements traiteront
du sujet.
20 novembre, Journée de la Conscience Noire au Brésil |
Ceux et celles qui ont la
chance un jour de visiter le Brésil se sont forcément rendus compte
de l'omniprésence des racines africaines du pays. Sa musique, sa
religiosité ou encore sa gastronomie sont autant d'éléments qui
viennent s'ajouter à sa forte communauté noire pour prouver cela.
Mais, cette dernière doit encore de nos jours faire face aux
préjugés et autres barrières qui se dressent face à elle dans la
société. Racisme, précarité, isolement, ségrégation, rejet font
encore le quotidien de cette partie de la population pourtant
officiellement égale aux autres depuis 1888, année de l'abolition
de l’esclavage au Brésil.
Zumbi dos Palmares, figure historique de la résistance noire |
C'est pourquoi les
autorités ont décidé d'instituer le 20 novembre comme Journée de
la Conscience Noire, de sorte à ne pas oublier que dans les veines
de chaque brésilien coule un sang africain. La date n'a pas été
choisie au hasard puisqu'elle coïncide avec celle de la mort de
Zumbi dos Palmares. Personnage héroïque et figure symbolique de la
culture noire, Zumbi était le chef des esclaves fugitifs de la
République de Palmares, en Alagoas. Refusant de négocier le retour
au travail forcé sans punition avec les autorités portugaises,
Zumbi décida de prendre les armes et après des années de lutte
fut tué le 20 novembre 1695. Image de la résistance noire face à
l'esclavage, Zumbi est célébré à travers tout le pays... et l'un
des rares personnages historiques de couleur noire à recevoir un tel
hommage.
La Journée de la
Conscience Noire est accompagnée d'une semaine de festivités, de
conférences et autres événements. Cette année, elle s'inscrit
dans un contexte particulier puisque Dilma Rousseff, présidente de
la République brésilienne, a acté le mois dernier l'application de
la loi des quotas à l'université publique. Avec cette disposition,
50% des places universitaires seront réservées aux étudiants issus
des écoles publiques. La moitié de ce pourcentage concernera les
enfants de familles pauvres (1,5 salaires minimums), l'autre répondra
à des critères « raciaux » favorisant ainsi l'accès à
l'université aux étudiants noirs, métisses ou indiens. Les débats
et manifestations qui ont suivis la promulgation de la loi feront
sûrement partie des rencontres organisées pendant cette semaine.
Au-delà de la nécessité
de faire comprendre aux blancs et de leur rappeler l'immensité de
l'héritage laissé au Brésil par la communauté noire, cette
journée marque également l'intérêt de montrer à cette même
communauté son importance souvent minimisée par ses propres
membres.
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