samedi 9 juin 2012

Raul Seixas, folie romantique et rock'n rollesque


Quasi inconnu en France, véritable icône au Brésil, Raul Seixas a été l'un des artistes  emblématiques du rock brésilien. Retour sur la carrière prolifique du Maluco Beleza, sujet d'un excellent documentaire « Raul Seixas, o inicio, o fim e o meio » de Walter Carvalho, sorti en mai dans les salles obscures brésiliennes.

Raul Seixas, le "Maluco Beleza"


Elancé comme une Gibson ES-335, l'un de ses instruments fétiches, le visage fin, les yeux coincés entre une crinière folle et une barbe fleurie, il ressemblait étrangement à notre Antoine. Mais contrairement à celui qui se recycla dans la carte postale et l'optique, Raul Seixas n'a jamais abandonné le rock'n roll. Comment aurait-il pu, puisque c'est lui-même qu'il l'a introduit au pays de la Samba. On ne reçoit pas le surnom de « Père du rock brésilien » sans aucune raison, n'est-ce-pas ?

La fièvre le prend dès le plus jeune âge, lorsqu'il se passe en boucle, avec sa bande d'amis, les meilleurs passages d'Elvis Presley dans Kid Creole. A 14 ans, Raul connait déjà par cœur toutes les chansons et s'amuse à imiter son idole devant le miroir de sa chambrette, dans la maison familiale de Salvador, à Bahia. Bercé au son du Baião, ce nordestino pur souche a toujours rêvé de swing à l'américaine. Petit à petit, Raul Seixas prend ses marques dans cet univers musical et au fil des rencontres forme, en 1964, un groupe qui ébranle la toute récente scène rock de Salvador, Os Panteras. Après son mariage avec la fille d'un pasteur protestant américain, Raul et sa bande s'envolent pour Rio de Janeiro et prennent le nom de Raulzito e os Panteras. Là, ils signent un contrat, enregistrent un premier disque, mais le succès n'est pas au rendez-vous.

De retour à Salvador, Raul sombre dans la dépression. S'alimentant de lectures philosophiques et de musique, il rédige dans des petits carnets les fragments de son futur succès. Ce dernier commence avec la rencontre d'un producteur de la CBS qui lui propose un poste. C'est alors que le rocker reprend la route de Rio de Janeiro. Durant ce second séjour dans la « ville merveilleuse », il se fait des contacts, écrit, compose et bientôt ses amis lui conseillent de s'inscrire au Festival Internacional da Canção, en 1972. Il y inscrit deux chansons. Les deux sont en finale. Le succès ouvre enfin ses portes.



L'année suivante, il enregistre son premier disque solo « Krigh-la, Bandolo ! » qui contient de véritables bombes musicales comme Metamorfose ambulante, Mosca na Sopa ou Al Capone.



 La même année, il fait la connaissance de l'écrivain psychédélique Paulo Coelho avec qui il commence à composer et à s'adonner à tout type de drogue. Sa préférence se porte tristement sur la cocaïne qui devient alors sa grande compagne. Entre autres expériences, Raul Seixas et son comparse s'initient à l'occultisme à travers l'oeuvre d'Aleister Crowley, théoricien anglais obscur, le même qui apparaît sur la pochette du Sergent Pepper des Beatles. A partir de ses principes, Raul et Paulo créent la « Sociedade Alternativa », la Société Alternative, dont la règle suprême est « Fais ce que tu veux, tout est la Loi ». Autrement dit, Raul et Paulo lancent un appel à la liberté absolue.



En pleine dictature militaire, le message peine à être agréable aux oreilles des censeurs et le régime s'inquiète de voir qu'il l'est à celles du public. Les deux compères sont arrêtés, torturés et forcés à l'exil. Ils s'envolent alors vers les États-Unis. Là, Raul ne s'arrête pas de créer et sa carrière se poursuit.

De retour au Brésil,  il lance de nouveaux disques et entame une tournée, mais l'alcool et la drogue prennent le dessus sur scène. Plusieurs représentations sont annulées voire même interrompues par les jets de canettes de fans déçus par les piètres prestations du rockeur titubant. Raul se retire peu à peu de l'estrade à partir de 1985.

Ce n'est qu'en 1988 que Raul Seixas renoue avec le public. Invité par Marcelo Nova à faire une apparition lors de ses concerts à Salvador, le roi du rock rattrape la fièvre des planches et accepte de partir en tournée avec son jeune comparse. Au total, il fera 50 concerts. Fatigué, imbibé et ne soignant pas son diabète, il s'éteint le 21 août 1989 dans son appartement de São Paulo. Ce jour-là, Marcelo Nova déclare que Raul Seixas « est mort debout, faisant ce qu'il aimait le plus jusqu'au bout : du rock ».

Avec près de 30 années d'activité, 21 disques et des centaines de concerts, la carrière de Raul Seixas a marqué l'histoire musicale brésilienne. Et son influence ne s'est pas arrêtée avec sa mort puisque plusieurs albums posthumes ont été récompensés et des concerts en hommage à l'artiste ont été organisés. Cette année, le documentaire de Walter Carvalho « Raul Seixas, o inicio, o fim e o meio » retrace d'une manière originale, émouvante et pleine d'humour, l'incroyable carrière du père du rock brésilien. Un prétexte de plus pour se repasser les plus grands titres de Raul Seixas. 

Gauthier Berthélémy

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