samedi 16 mars 2013

Marco Feliciano, le pasteur-député polémique




Sur internet, dans les rues et même à l’entrée de la Chambre des députés, des brésiliens s’indignent face la nomination polémique du député fédéral Marco Feliciano à la tête de la Commission des Droits de l’Homme et des Minorités. Les propos homophobes et racistes tenus par le parlementaire sur les réseaux sociaux sont à l’origine de la contestation.


 Marco Feliciano, pasteur, député fédéral et nouveau président de la Commission des Droits de L'Homme et des Minorités de la Chambre des députés brésilienne ( photo: internet )

« La pourriture des sentiments homosexuels mène à la haine, au crime et au rejet. », « Noir naît noir, indien naît indien, mais homosexuel ne le naît pas. », « Les africains descendent d'ancêtres maudits par Noé. C'est un fait. Le motif de la malédiction est la polémique. » Noirs, homosexuels, malades du sida, tout y passe. Les Twitter, Facebook et consorts nous ont habitués depuis près d’une décennie à la philosophie de comptoir à grande échelle. L’internaute, confortablement installé dans son salon, à l’abris des regards, isolé, se sent à l’aise pour coucher sur l’écran ses pensées même les plus répréhensibles, persuadé de ne pas être écouté puisqu’il les écrit. Parfois, c’est le cas. Mais lorsqu’il s’agit d’une personnalité publique, la diffusion des fameux 140 caractères est démultipliée et son impact l’est tout autant.

Publiés sur Twitter en novembre 2011, ces propos ont provoqué une levée de boucliers  immédiate des associations homosexuelles et de lutte contre le racisme contre son auteur, le député fédéral et pasteur évangélique Marco Feliciano du Parti Social Chrétien (PSC). Au-delà de quelques statuts facebook et partages de pétitions électroniques exigeant sa démission, le mouvement de contestation n’a pas pris d’ampleur et est vite tombé dans les oubliettes du web. Les prises de position polémiques du parlementaire sont cependant revenues sur le devant de la scène médiatique depuis quelques semaines suite à sa surprenante nomination à la tête de la commission des Droits de l’Homme et des Minorités de la Chambre des députés brésilienne.

Un des tweets polémiques du député :" La pourriture des sentiments homosexuels mène à la haine, au crime et au rejet".  


Depuis le 6 mars 2012, les commissions permanentes de la Chambre brésilienne ont leur composition définie en fonction de la répartition des sièges issue des votes des électeurs. En d’autres termes, les partis les plus représentés à l’Assemblée ont le plus de commissions. Suite à une négociation entre les formations politiques, le Parti des Travailleurs, formation dont est issue Dilma Rousseff, est  par exemple à la tête de trois commissions tout comme son allié le PMDB. Les principaux partis d’opposition, le PSDB et le DEM, comptent deux commissions. Il en est de même pour le parti du député fédéral Marco Feliciano qui, en plus des Droits de l’Homme, est en charge de la surveillance financière.

La nouvelle de la décision a rappelé aux barricades virtuelles les opposants au pasteur évangélique. Les réseaux sociaux se sont transformés en passeurs de slogans et de pétitions signées par plusieurs millions de personnes et déposées à Brasilia. Les mots twittés par le nouveau président de la Commission des Droits de l’Homme à l’encontre des africains et des homosexuels ont resurgis sur internet rappelant aux Brésiliens les forfaits de l’homme politique.

Après avoir gagné la toile, la protestation sort dans les rues de presque toutes les capitales brésiliennes où des cortèges demandent la destitution du parlementaire. Début mars, les manifestants, armés de pancartes, de sifflets et de nez de clown, parviennent à entrer dans la Chambre des députés et crient leur volonté d'appliquer le principe de laïcité de l'Etat (et donc d'interdire à un homme d'Eglise d'exercer un mandat législatif) et de punir ceux qui profèrent des insultes à l'encontre de minorités. Le même jour, la contestation passe les frontières brésiliennes et gagne l'Europe où des expatriés défilent avec pancartes et banderoles sur les places de quelques capitales du Vieux Continent.

Les parlementaires des autres partis ont également commenté la nomination de Marco Feliciano à la tête de la commission des Droits de l'Homme. Les députés composant la commission ont décidé de faire recours de la désignation du pasteur évangélique auprès du Suprême Tribunal Fédéral, évoquant notamment une investiture à huis-clos, fait interdit par le règlement de l'Assemblée qui stipule que toute « réunion est ouverte au public ». Selon Domingos Dutra, du PT, « il est inimaginable qu'après une dictature militaire une commission des Droits de l'Homme fasse une session à portes closes, avec des barrières aux entrées et la police législative dans les couloirs ». Au-delà de la légitimité de la nomination et des moyens employés par Marco Feliciano, les députés de l'opposition questionnent l'intégrité de leur collègue et demandent au nouveau président de la commission de s'expliquer sur les récentes accusations d'usage de fonds de l'Assemblée pour rémunérer certains employés de l'Assemblée de Dieu, église évangélique à laquelle le pasteur Feliciano est affilié. Pour Chico Alencar du PSOL, « il y a des preuves évidentes de l'usage de son mandat à des fins personnelles, puisque toute église est une entité privée. »

Marco Feliciano peut néanmoins compter sur le soutien de son groupe parlementaire. Réunis le 12 mars, les députés du PSC ont affirmé que « malgré les pressions et les manifestations nous maintenons Marco Feliciano à son poste. » Le leader du PSC à l'Assemblée, André Moura, s'appuie sur le règlement affirmant que « rien n'empêche le parlementaire désigné à honorer son poste. La commission est composée de 18 députés et si le président n'exerce pas son mandat correctement, nous serons les premiers à demander sa démission. »

Le 13 mars, lors de la réunion inaugurale, ouverte au public, Marco Feliciano a adressé, entre hués et applaudissements, des excuses publiques « à tous ceux qui se sont sentis offensés par l'une de [ses] postures (…) ». Avant d'entamer les discussions, il a demandé « à tous un vote de confiance. J'exerce mon mandat qui me donne le droit d'assumer la présidence de cette commission. » Un prêche de bonne volonté en décalage avec un de ses récents tweets daté du 28 février 2013, alors qu'il avait déjà eu connaissance de sa nomination : « Il ne m'est jamais passé par la tête de présider la Commission des Droits de l'Homme, mais avec tant d'attaques, j'en ai presque envie. ». Avec une telle confession, nul doute que les opposants au pasteur polémique se résoudront à l'absoudre. 

Gauthier Berthélemy

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