samedi 31 décembre 2011

Cinéma brésilien : De l'autre côté du fleuve

Do outro lado do rio (NPD Orlando Vieira)

Réalisé par les élèves du Département de Production Digitale OrlandoVieira d’Aracaju (NPD), à Sergipe, le court-métrage  Do outro lado do rio  remporte une récompense par festival. Après la reconnaissance nationale, ces Nordestinos partent à l’assaut du Vieux Continent à Paris et dans d’autres villes européennes.

L’équipe des vingt étudiants d’Aracaju rafle tout. Depuis six mois, ils sillonnent le Brésil avec leur court-métrage. Ils sont même le sujet d’un reportage diffusé sur la Globo, la première chaine du pays. Une belle histoire, comme celle de leur film.

Au départ, ce sont les animateurs du Département qui ont imposé le sujet : Aracaju, la capitale de l’Etat de Sergipe. Leur ville. « Nous avons commencé à débattre des possibilités d’exposer quelque chose qui nous entoure tous les jours, mais que nous ne montrons pas, ou peu, dans les productions audiovisuelles sergipanas » explique Baruch Blumberg, l’un des jeunes réalisateurs.

Armés d’un appareil Canon 5D et des fonds propres du Département, ils commencent à monter leur projet à partir de la seule indication de leurs enseignants. Ils le peaufinent en deux jours et le troisième, ils tournent les premières images du film lors des commémorations de Nossa Senhora Aparecida, la patronne du Brésil célébrée le 12 octobre. Elvacir Luiz et Eudaldo Junior, les producteurs, dénichent des acteurs, qui n’en sont pas. Car, Seu Dôdo et Thais Mendes, les protagonistes, sont des gens comme tout le monde qui ont acceptés de jouer le jeu.

Une vague de récompenses

Déjà vainqueurs du Prix du Meilleur Film Sergipano au Festival Ibérico-américain de Sergipe, du prix O Capital 2011 du meilleur film de ces cinq dernières années  et du Prix KinoOikos au 22e Kinoforum-Festival International de Courts-Métrages de São Paulo, le plus prestigieux d’Amérique Latine, ils ont présenté leur oeuvre au 9e Festival International Signes de Nuit à Paris en octobre. “Nous n’espérions pas autant de récompenses et en si peu de temps” s’étonne Baruch Blumberg qui ajoute: “en plus, on est à Sergipe, le plus petit Etat du Brésil, qui n’a pas de grande tradition cinématographique”. Mais, Do outro lado do Rio ne devrait pas s’arrêter là.

Lors de son passage à Paris, il s’est fait remarquer. Il pourrait même être sélectionné pour plusieurs festivals de l’Hexagone, comme à Marseille, et d’Europe. Au Brésil, l’aventure continue puisque le court-métrage a été présenté au festival du film de Londrina, dans l’Etat du Parana, il y a quelques semaines.

De quoi donner des idées à l’équipe du film. Baruch Blumberg a même quelques projets en tête. Forts de cette expérience, les étudiants se sont mis à la réalisation d’un documentaire. Et comme pour le court-métrage, le premier rôle sera interprété par l’Etat de Sergipe puisque c’est sur la vie du célèbre peintre sergipano J. Inacio, grand nom de l’art contemporain brésilien, que portera la nouvelle production du NPD. 

 Découvrir Sergipe et le Nordeste

Projeté pour la première fois le 4 mai à Barra dos Coqueiros, dans une petite salle d’école publique pleine à craquer, le film séduit d’emblée. Parmi les réactions, beaucoup de fierté. Celle de voir son pays, sa région et sa ville à l’écran. « Les gens ont été émus de voir la réalité quotidienne de la ville montrée cinématographiquement, mais tout en restant très palpable » relate Baruch.

Le Nordeste, c’est un peu le parent pauvre du Brésil. Et c’est pour célébrer Sergipe et sa culture que ces jeunes gens font des pieds et des mains pour promouvoir leur film. A la Chambre des Représentants d’Aracaju, équivalent de nos conseils municipaux, leur travail a été salué en grande pompe. Et à Paris, ils ont montré leur région au monde entier. « C’est un honneur de pouvoir le faire dans un des pays les plus importants pour le cinéma mondial, et qui aime la culture brésilienne » s’émeut le réalisateur.

Do outro lado do Rio dépeint la vie quotidienne de la capitale de Sergipe. L’ambiance, les rues, ceux qui la font vivre, ses commerces et sa culture. La domination des bruits de la ville renforce cette idée d’immersion dans le vécu des gens. Mais il y a aussi ses inégalités criantes. Le fleuve les symbolise. Il est la barrière imagée qui sépare les Hommes. 

L’équipe n’a cependant pas voulu enfermer le spectateur dans un seul niveau de lecture. « Nous avons tenté de ne pas fermer de porte mais d’en ouvrir sur différentes interprétations et que tous, à partir de leurs expériences et connaissances, puissent construire l’histoire. C’est aussi pour cela qu’il n’y a pas de dialogues » explique Baruch Blumberg. Presque muet, le court-métrage nous plonge dans la ville, nous laissant seul observateur et interprète de l’action.

A la gloire de la culture populaire

Celle-ci se passe entre Aracaju et Barra dos Coqueiros, petite ville côtière séparée de la capitale par un fleuve. Deux mondes distincts de chaque côté du cours d’eau, qui se jette dans l’océan Atlantique entre les deux cités. A Barra, sur la plage, un pêcheur s’échine chaque jour pour puiser dans l’eau de quoi faire vivre sa fille avec laquelle il vit dans une cahute de fortune.

Seu Dôdo et Thais Mendes (NPDOrlando Vieira)

Celle qu’il n’a pas. Ses traits tirés entourent un regard dur, celui des Nordestinos, ces hommes humbles, travailleurs, qui jamais ne versent une larme, même dans la douleur d’une vie de misère. Rien ou peu de choses dans l’assiette, pas de mots. La parole s’est noyée, prise dans les filets qui demandent tant d’efforts pour être remontés. Leur vie se résume à cela. Se croiser sans se parler, tout en sachant que l’un et l’autre rêvent d’une existence meilleure.

Rares sont les occasions de traverser le fleuve pour rejoindre cet autre monde fait de modernité et d’abondance qu’est la capitale. Le fleuve, cette frontière physique qui renvoie les Hommes à leurs différences et à leurs propres existences. Mais, cette fois, ils les dépassent pour célébrer Nossa Senhora Aparecida, la Vierge Marie. Dans le cortège, le pêcheur, sa fille et les autres fidèles ne font qu’un. Les inégalités s’effacent pour laisser place à la force de la foi et des traditions. La culture populaire, ce ciment des peuples, éclaire le chemin qui mène vers l’unité. Avant de reprendre celui de la vie simple et reculée.

Do outro lado do rio (posté par eudaldojunior)

Gauthier BERTHELEMY

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